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Le projet "Remembering Spaces of Internment"/"Se Rappeller des Espaces d'Internement" (RESI) réunit une historienne, un politiste et une enseignante-chercheuse en architecture et art, autour d'une recherche sur les lieux d'internement et leur organisation administrative.

 

Son objectif principal est de contribuer à l’effort actuel de théorisation de ces espaces d'enfermement et de leur administration. Il vise tout d’abord à proposer une synthèse des recherches consacrées, depuis une vingtaine d’années, à ces lieux présents de manière structurelle depuis le XIXème siècle, et à faire dialoguer les universitaires qui s’y intéressent. Dans cette perspective, les membres de RESI s’intéressent particulièrement à une dimension spécifique des lieux d'internement : l'effacement dont ils font souvent l'objet, éventuellement suivi d'une réactivation tardive de leur mémoire.

Pour traiter ces problématiques, RESI s'intéresse particulièrement aux dimensions architecturales des lieux d'internement à différentes époques et dans différents pays. Il s'inscrit dans une approche transdisciplinaire mêlant pour l’instant les recherches des fondateurs du projet Nicolas Fischer (science politique), Aurélie Audeval (histoire) et Beth Weinstein (art et architecture).

RESI est un programme d'ensemble qui abritera au cours des prochaines années une série de projets plus spécialisés, centrés sur une étude de cas ou sur une thématique transversale. Il fournira notamment le cadre général d'une série d'événements de recherche organisés entre 2023 et 2024 (symposiums et conférences à Paris et Tucson aux Etats-Unis). Il cherche à favoriser ainsi la création d'un réseau de recherche plus large, centré sur l'étude de l'internement.

Si vous travaillez sur ces sujets et que vous voulez nous rejoindre, n'hésitez pas à nous contacter !

SE RAPPELER

L’usage du le terme "se rappeler" a pour but de marquer l'implication prise par ce projet dans la construction de la mémoire de ces espaces. Si nous avons pour objectif également d'étudier les processus mémoriels et leurs imbrications avec l'histoire des lieux étudiés, nous ne nous en extrayons pas. Il s'agit ici de prendre en compte et d'affirmer notre participation à la construction d'une mémoire, scientifique, de ces lieux d'internement. En ne voulant pas adopter une position de surplomb, nous proposons de lancer des pistes de ce que pourrait être justement une mémoire scientifique.

ESPACE

L'internement a lieu, c'est-à-dire qu'il saisit, occupe et remplit des espaces spécifiques pendant une période de temps déterminée. Ces espaces sont le plus souvent inoffensifs, familiers, des structures existantes réaffectées en lieux d'assignation à résidence, de détention, d'internement. Parfois, ils sont construits à dessein mais, comme de nombreuses structures militaires, ils sont très génériques, ce qui leur permet d'accueillir des activités changeantes au fil du temps. Les activités qui se sont déroulées dans ces lieux laissent des traces dans la réalité physique et matérielle des sites et des structures, transformant les constructions (ou les démolitions) en formes de preuves. Les pratiques quotidiennes et les événements uniques qui se sont déroulés dans les sites d'internement sont également enregistrés dans divers médias - photographies, nouveaux rapports, journaux personnels, notes officielles - souvent comme des événements sans importance et banals ; pourtant, ils peuvent s'avérer essentiels pour rassembler les données et produire des preuves reliant les sites et les histoires d'internement. ReSI se consacre à la recherche sur les sites et les espaces d'internement à travers la géographie et le temps, et valorise les méthodes spatiales, architecturales et trans-médiatiques, en plus d'un large éventail de méthodes de sciences sociales qui prennent l'espace comme objet d'étude.

INTERNEMENT

Les sciences sociales analysent aujourd’hui l'internement administratif comme une institution destinée à limiter et à contrôler la mobilité des individus et, plus fréquemment, des populations dont la présence même sur un territoire est considérée comme problématique pour des raisons sociales, politiques ou sanitaires : réfugiés, étrangers indésirables ou indigènes coloniaux, clochards ou prostituées. Contrairement aux prisons, les lieux d'internement - souvent désignés comme "camps" - ne sont pas des institutions pénales et leur objectif principal n'est pas de punir ou de réhabiliter, mais de regrouper les populations indésirables pour les mettre à l'écart de façon permanente, ou les préparer à une expulsion. 

Cet usage particulier explique le caractère provisoire des lieux d'internement : installations d'urgence, ils sont créés et gérés de manière informelle par les autorités de police, ne fournissent aux personnes internées qu'un hébergement spartiate, et sont en général destinés à être détruits, pour laisser aussi peu de traces que les populations déplacées qu'ils ont accueillies. Ce sont précisément ces traces que ReSI se propose d'étudier, afin de mieux comprendre la logique politique de l'invisibilisation des populations.

REMEMBERING SPACES OF INTERNMENT
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